Ces collectifs sont l’expression la plus récente de mobilisations contestataires souvent portées par des organisations ad hoc, inégalement pérennes, comme les comités locaux de défense d’hôpitaux et de maternités de proximité, apparus dès les années 1980, le comité national de défense de l’hôpital en 2000 ou encore le mouvement de défense de l’hôpital public en 2009.

Car la politique de contrôle des dépenses à l’hôpital n’est pas récente. Leur maîtrise constitue un objectif politique constant depuis le milieu des années 1970 qui marque la fin d’un « consensus inflationniste » entre l’élite médicale, l’État et les partenaires sociaux dans un contexte de ralentissement de la croissance économique[1]. D’ailleurs, si les soins hospitaliers forment toujours le premier poste des dépenses de la consommation de soins et de biens médicaux, leur part a sensiblement diminué depuis le début des années 1980, passant de 55 % en 1982 à environ 46 % en 2018. Le freinage de la hausse des dépenses hospitalières ne s’est pas fait en proportion d’une moindre activité des établissements, au contraire. Il s’est réalisé au prix d’une intensification du travail soignant, de plus en plus soumis à des contraintes industrielles, dont rend notamment compte l’enquête « Conditions de travail » du ministère du Travail[2].

Ces tendances pourraient laisser croire qu’un processus uniforme d’économisation de l’hôpital innerverait l’action publique, en ce sens que les gouvernants politiques et administratifs appréhenderaient le système hospitalier à partir de catégories économiques similaires et dissociées des visions et pratiques des professionnels. L’étude socio-historique de la conception et des transformations d’une ingénierie publique de financement hospitalier axée sur la maîtrise des dépenses permet à la fois de dévoi