Le travail connaît d’importantes transformations dont nous ne saisissons pas toujours les ressors. Dichotomisé depuis la révolution industrielle avec d’une part le salariat et d’autre part l’indépendance, le travail présente aujourd’hui de multiples facettes. Ces formes se sont diversifiées : intérimaire, à temps partagés, etc. ; il est pratiqué dans des lieux nouveaux : espaces de coworking, télétravail à domicile, ce qui affecte les identités des travailleurs : auto-entrepreneurs, freelances, slasheurs.

Aux frontières entre salariat et travail indépendant se développent ainsi des zones grises où croît le nombre de « quasi-salariés » et « quasi-indépendants » (Lorquet, 2017). Pour les entreprises ces nouvelles formes de travail sont perçues comme source de flexibilité, gage d’une diminution des coûts et des efforts de supervision. Les travailleurs, pour leur part, y voient une alternative leur permettant de se substituer aux liens de subordination, aux procédures bureaucratiques liées au salariat et de développer leur savoir-faire de manière autonome. Le travail indépendant est cependant source de craintes car il est bien souvent synonyme de précarité. Les temps de travail sont incertains, tout comme les revenus et les mécanismes de protection sociale ne sont pas toujours adaptés (Fourcade, 1992). En effet, bien que ces mutations du travail aient débuté au tournant des années 1970, nos institutions peinent encore à s’adapter. Les travailleurs à mi-chemin entre salariat et entrepreneuriat souhaitant contracter un prêt auprès d’une banque ou louer un logement auprès d’un bailleur doivent souvent faire face à l’incompréhension et aux réticences vis-à-vis de leur situation professionnelle.  De nombreuses organisations se sont donc créées dans ces zones grises de l’emploi afin d’apporter un cadre et de jouer le rôle d’intermédiaire entre les travailleurs et leurs clients / employeurs : sociétés de portage salarial, groupements d’employeurs, etc. Nous prop