Ph. Herzog constate que l'Europe est en état de crise et que les citoyens n'adhèrent pas toujours au projet européen. Pour lui, cela tient au fait que les institutions européennes ne construisent pas de politique où les citoyens pourraient s'impliquer et s'identifier (programmes concrets de créations d'emploi, de formation, de réseaux d'information, etc.). Des réformes sont indispensables.

Actuellement le Conseil, le Parlement européen et la Commission assurent la direction politique dans une logique mixte, en partie intergouvernementale, en partie communautaire. Les traités distinguent trois piliers : le marché et l'économie, la politique extérieure et la défense, la justice et les affaires intérieures. Seule la coopération intergouvernementale est permise dans les 2ème et 3ème piliers : dans ces domaines c'est la paralysie. Pour Ph. Herzog la coopération gouvernementale doit reculer et il s'agit d'aller vers la formation d'un Etat fédéral avec une constitution. Toutefois, il prend soin de remarquer que l'Europe n'est pas une nation et qu'elle ne peut pas se bâtir comme une nation. Elle sera une fédération de citoyens et de nations.

Nous devons concevoir notre souveraineté non pas comme une indépendance étroite, mais comme une autonomie ouverte et dynamique dans le cadre d'une communauté véritable. «Nous avons besoin d'une conception de l'indépendance évoluant délibérément vers la solidarité. Etre autonome c'est reconnaître autrui et réaliser des projets en commun».

Parmi les éléments essentiels de la réforme on trouve : faire voter les décisions du Conseil à la majorité qualifiée (soit environ 70 %), établir la transparence des procédures, renforcer la collégialité de la Commission, généraliser le pouvoir de codécision législative du Parlement européen, bien établir ses pouvoirs de contrôle des exécutifs, en coopération avec les Parlements nationaux. Le veto n'est pas envisageable dans une union élargie mais on peut prévoir la possibilité d'exemption ou de ne pas participer à des actions communes. Dans le cadre de l'élargissement de l'Union aux pays de l'Est il faut prévoir de construire l'Europe en deux cercles.

Parmi les différents scénarios possibles d'évolution de l'Union Ph. Herzog exprime sa préférence pour un modèle où une Europe unie sera capable de créer les conditions collectives d'un développement durable.

En résumé, beaucoup d'idées sont exprimées pour rendre l'Europe plus démocratique et plus populaire mais bien que l'auteur en soit conscient, elles sont dans l'ensemble opposées au consensus actuel et l'on voit mal comment elles pourraient entrer en application à moyen terme, si l'on en juge d'après le résultat des dernières élections européennes et les récentes déclarations de leaders sociaux-démocrates. Le syndicalisme européen a sans doute son mot à dire. Espérons !