Mon travail de thèse s’est centré sur la réforme de l’administration territoriale de l’État (RéATE) de 2010. Cette réforme structurelle constitue un volet organisationnel de la Révision générale des politiques publiques (RGPP, 2007-2012), présentée comme une analyse des missions et des actions de l’État. Dans les faits, il s’est agi essentiellement d’une politique de réduction des moyens budgétaires et des effectifs de la fonction publique d’État. Dans ce contexte, la RéATE a durablement modifié le paysage des services déconcentrés. Philippe Bezes et Patrick Le Lidec[1] ont montré que la réforme résulte d’un compromis au plus haut niveau entre représentants des ministères de l’Intérieur, des Finances, de la Direction générale de l’administration et de la fonction publique, de quelques ministères sectoriels comme l’Équipement ou la Santé. On peut noter que cette réforme est déjà lointaine. Toutefois, la RéATE fait date par rapport à l’ampleur des changements structurels opérés en 2010 et la trajectoire déclinante donnée au principe de déconcentration qui se poursuit selon nous depuis.

L’autonomie locale en question

D’abord, cette réforme est réputée s’appuyer sur la doctrine de « l’État Stratège », qu’on peut qualifier d’interprétation française de certaines propositions du new public management : performance de l’action publique, réduction des coûts et des effectifs, fusions de services, « mutualisation des fonctions supports », développement d’agences, informatisation du service public. En faisant ces choix, les réformateurs délaissent d’autres principes cardinaux de cette doctrine élaborée par Christopher Hood[2] : principe d’expertise et de nodalité territoriale, évaluation de l’action publique, logique de prélèvement d’informations sur le social puis de remontées d’expérience en cent