Ce livre rassemble des textes écrits principalement par des sociologues sur un problème brûlant dans la situation actuelle du travail. La bibliographie proposée témoigne de l'intérêt porté au partage du travail par les universitaires depuis une dizaine d’années, avec une accélération à partir de 1994.

Les auteurs se demandent ce qu’il y a sous l’expression de « partage du travail » en France. A qui s’adresse-t-il? Ne signifie-t-il pas concrètement, à travers les accords conclus récemment, de quelque chose de plus que le temps partiel? Car il apparaît vite que ce partage se pratique surtout dans des milieux professionnels à dominante féminine. Des statistiques mettent en l’évidence que, entre 1980 à 1990, l’emploi féminin a progressé grâce à une augmentation importante du temps partiel dans des postes d’employées des services et du commerce, pendant que disparaissaient des emplois masculins ouvriers dans le domaine industriel. Depuis, le temps partiel s’est étendu largement aux jeunes et aux plus de 50 ans sous l’impulsion des diverses dispositions officielles. Tous ces groupes se retrouvent aujourd’hui dans la même précarisation. Le temps partiel va avec bas salaire, manque de qualification, garanties sociales réduites.

Dans ces conditions et même si il y a plus de femmes que d’hommes à souhaiter un travail à temps partiel, les accords réellement conclus et certaines pratiques ne constituent pas un temps partiel choisi et relèvent bien du temps partiel contraint. Il n’est plus question pour les femmes d’y trouver une conciliation entre vie professionnelle et vie familiale. Car les chiffres montrent qu’elles assurent toujours pour l’essentiel le travail domestique et la prise en charge de toute la parenté, la part de ces tâches effectuée par l’homme n’ayant pas fait le bond attendu.

Ces travaux abordant le problème sous divers aspects conduisent tous à des conclusions très pessimistes sur l’emploi des femmes et son avenir. «En définitive, en raison de la part qu'elles prennent dans le chômage et dans le sous-emploi (temps partiel contraint et temps partiel d'insertion), les femmes sont les premières à consentir des «sacrifices» en termes d'emploi, de statut, et de salaires. Le «partage du travail» qui prend la forme d'un partage du chômage est aussi, au nom de la solidarité, une gestion sexuée de la pénurie d'emploi».

N'y a-t-il pas une autre politique à penser, à proposer, à imposer?