Commençons par un point toujours délicat, la formation au management. On sait que les écoles de commerce et d’ingénieurs se voient souvent reprocher un enseignement quelque peu déconnecté des réalités de l’entreprise. Quelle est l’approche du CESI sur ce sujet ?

Ne reprochons pas aux écoles ce qui est mission impossible : former au management un jeune qui n’a aucune idée de ce que c’est qu’une entreprise ou une équipe de travail, c’est impossible. Et c’est dangereux, parce que ce sont des règles un peu abstraites, toujours simplificatrices, et qui sont données à des gens ne voyant pas de quel contexte on parle. Par contraste, ceux qui deviennent ingénieurs dans le cadre de la formation continue ont de l’expérience : un minimum de trois ans (auparavant c’était cinq), et plus souvent dix. Lorsqu’on leur parle de management, ils savent ce que cela veut dire. Ils en ont déjà fait l’expérience – à la fois comme manager, même partiellement, et comme personne managée, ce qui peut être très important.

Il n’est pas naturel, pour des êtres humains, d’être hiérarchisés : l’entreprise est un cadre formel, avec ses codes et ses règles, et tant que l’on n’a pas assimilé tout cela, on ne sait pas de quoi on parle. D’où ma conviction que le management ne peut s’enseigner qu’à des gens qui ont déjà fait l’expérience de l’entreprise. Cela se vérifie aussi pour les ingénieurs en apprentissage, parce qu’il y a une expérience concomitante. Il ne s’agit plus seulement, alors, de s’appuyer sur des acquis antérieurs, mais sur des acquis simultanés. On joue sur la navette permanente entre l’acquisition simultanée d’expérience et la partie didactique. C’est l’une des raisons du succès de l’apprentissage ; et l’on a découvert à cette occasion que pour être formateur en apprentissage, il vaut mieux venir de la culture de la formation continue que de celle de l’enseign