Les anglo-saxons déploient le mot « travail » en job (emploi), work (action) et labour (œuvre) et les germaniques en Arbeit (travail), Beruf (profession) et Werk (usine). Les Grecs disent ergasia, issu de ergon (œuvre), donnant le mot « ergonomie »...
Le poste disparaît si 70% des tâches sont automatisées. L’intelligence artificielle n’est pas nouvelle mais son impact dans un monde devenu serviciel est considérable.
Le travail peut être gratuit (consommateur, bénévole, étudiant...) ou contre un revenu, une reconnaissance et un statut (un emploi).
Management à la fois faible sur le plan conceptuel mais suffisamment fort sur la forme pour s’imposer : le bullshit, qui désigne quelque chose de bidon mais aussi de baratinage.
Le travail est une activité d’ajustement avec ce qui est demandé, les objectifs, les normes, les moyens... Ainsi il vaut mieux parler de « charge » qui est ce que le travail fait, demande mais aussi apporte au travailleur. L’analyser permet d’identifier les zones à risque de stress, mais aussi et surtout les points d’appuis et la répartition pour bien travailler, donc le soutien organisationnel.
Les frontières sont floues entre emploi, chômage et inactivité. Seule la moitié des chômeurs est indemnisée. Plus d’1 actif sur 4 ne travaille pas autant qu’il le voudrait.
Les conditions du travail peuvent se regrouper en 5 familles de facteurs déterminants la charge : l’activité (quoi, quand, comment), les conditions de l’activité (lieux, organisation, statut), l’autonomie professionnelle, la vie hors-travail et la participation
1 poste sur 3 peut s’affranchir des lieux et des relations humaines réelles.
Le travail, ce n’est pas l’emploi. Le travail désigne : des tâches, une activité, la mise en œuvre de capacités intellectuelles et physiques, de compétences professionnelles et personnelles (comportementales), de son parcours et son capital social. L’emploi désigne : le contenu du travail, les règles, les droits attachés, les tâches à effectuer, les responsabilités, les conditions de travail (rémunération, rythmes, lieux…) et les droits sociaux.
1 travailleur sur 5 est classé cadre (soit un doublement en vingt ans) mais beaucoup de non-cadres ont un diplôme de niveau Licence ou plus. Par ailleurs, près d’1 travailleur sur 3 a une tâche d’encadrement ou de supervision, près d’1 cadre sur 2 n’encadre pas, alors que près de 4 travailleurs de profession intermédiaire sur 10 encadrent… Passer cadre, ce n’est pas se hisser à un rang statutaire, mais être reconnu pour son niveau de compétences et son implication organisationnelle, pour soutenir les autres travailleurs.
Si les manifestations physiques de la fatigue sont mesurables, le fait psychique est difficile à objectiver. La fatigue signale une surcharge de travail. 50% des cadres (40% des non-cadres) ont une charge excessive et trop de choses à penser.
85% des travailleurs sont fiers de leur travail. La charge de travail n’est pas négative en soi. D’ailleurs, le mot « travail » vient de trabahl (l’outil du maréchal-ferrant) ; parler de tripalium, c’est réduire l’activité à la souffrance.
De même que le travail pousse à l’autonomie et à la polyvalence, trop d’entreprises ou administrations ont tendance à traiter les conséquences plutôt que les causes des troubles psychosociaux (les facteurs de risques). Une politique individualisante (ambiance, coaching, injonctions...) peut dériver vers de la manipulation. Le stress n’est jamais de la faute du travailleur qui a besoin de soutien organisationnel.
L’intensification est complexe : pression temporelle, démultiplication de la prescription... La demande à satisfaire immédiatement, la dépendance vis-à-vis des collègues, des normes ou des délais sont devenues des caractéristiques dominantes du travail actuel. La financiarisation et le choc numérique ont bouleversé le travail. D’autant que les modèles organisationnels cherchent à responsabiliser et à mobiliser les travailleurs souvent au-delà de leurs capacités.
Rôle qui consiste à animer une équipe, évaluer, proumouvoir, apporter une cohérence, mais aussi interprèter les objectifs venus d’en haut, et en principe lui-même écouté et soutenu.
Du latin ministerium, office. Activité sociale définie par son objet et ses techniques. Profession caractérisée par une spécificité exigeant un apprentissage, de l’expérience, et entrant dans un cadre légal. Habileté technique que procure la pratique d’une activité professionnelle.
L’employeur doit fournir du travail, payer un salaire correspondant, fournir les moyens nécessaires à l’exécution du contrat, adapter le poste de travail, maintenir l’employabilité du salarié, et ne pas mettre en danger sa santé et sa sécurité. Le salarié doit effectuer la prestation pour laquelle il a été engagé, se conformer aux instructions de l’employeur, être loyal et de bonne foi.
La moitié des cadres manquent de temps pour bien faire leur travail. 80% des cadres se plaignent d’être interrompus et de faire face à l’imprévu.
Du latin profiteri, s’engager. C’est une activité rémunérée et régulière exercée pour gagner sa vie. Métier de caractère intellectuel, artistique, etc., qui donne une position sociale plus ou moins prestigieuse. Un ensemble des personnes exerçant un même métier.
Le travail pour 85% des actifs est subordonné à un emploi (salarié, fonctionnaire), mais la dynamique aujourd’hui est un salariat à temps partiel et un travail sous « autonomie contrainte ».
- La raison (que dois-je faire ?), la justification, le travail nécessaire, ce qui est défini, prévu, imaginé ; ce qui doit être réalisé et les contraintes imposées.
- Le but (comment je fais ?), le travail réalisé, les gestes accomplis, le travail en tant qu’activité, les sensations, les arbitrages et improvisations.
- La finalité (qu’est-ce que j’en pense ?), l’expérience telle qu’elle est vécue, le sens donné, le ressenti, l’impact physique, le travail fait grandir et souffrir.
Le travail est majoritairement abstrait, cognitif et relationnel : 8 travailleurs sur 10 ne fabriquent pas d’objet (comptable, réparateur…), 1 sur 3 est face à un écran (banquier, créatif…), 1 sur 5 fait de la logistique et du transport (magasinier, technicien…), 4 sur 10 rendent un service aux autres (infirmière, coiffeur…), 3 sur 4 sont en contact avec un public directement (caissière, contrôleur…) ou non (centralité du client ou de l’usager). Travailler, c’est rendre un service.
L’emploi stable et à temps plein est de moins en moins l’horizon directeur : 60% des salariés aujourd’hui contre 75% en 1975. Les précaires n’ont qu’1 chance sur 5 de passer en contrat à durée indéterminée.
Le projet syndical est celui de l’émancipation : « La raison foncière d’être du syndicalisme est que l’ouvrier, par l’association, a une place de plus en plus grande dans la vie économique et parvient, ou tend à parvenir, à discuter librement et d’égal à égal avec celui qui l’emploie » (Paul Vignaux).
33% des travailleurs sont en postures pénibles ou fatigantes (articulations forcées), donc souffrent de troubles musculo-squelettiques.
Le travail est un effort, plus ou moins consenti, de transformation d’un bien, d’un service, d’une idée, d’une situation. Les Lumières décrivaient la polarité émancipation/domination : « Occupation journalière à laquelle l’homme est condamné par son besoin, et à laquelle il doit en même temps sa santé, sa subsistance, sa sérénité, son bon sens et sa vertu peut-être » (Encyclopédie, 1751) !