Si l'Internet n'est plus une nouveauté dans l'Hexagone, son émergence dans la presse écrite et audiovisuelle reste encore un phénomène récent. Nombre de journalistes ne disposent toujours pas d'e-mail personnels ou professionnels, et peu en usent quotidiennement.

Quant aux médias où œuvrent les trente et un mille journalistes, le nombre de sites en exploitation avec de vraies équipes rédactionnelles reste encore limité. On est bien loin de l'explosion nord-américaine avec la mise en place de grosses rédactions comme à CNN avec sa centaine de journalistes ! Le cas du Monde, qui a filialisé le Monde interactif avec une rédaction d'une vingtaine de personnes, de Libération, qui gère son site web en interne, ou des Echos, qui va renforcer sa rédaction prochainement, restent des exemples limités.

Le recours judiciaire pour limiter la jungle

Outre le retard naturel de la France, il y a à cela une raison objective : la mise en place de sites d’information nécessite des journalistes qui sont régis par un certain nombre de règles sociales et salariales. Un environnement assurément plus contraignant que l’emploi de jeunes passionnés d’informatique dont les salaires dépassent à peine le Smic, quand ils ne sont pas purement considérés comme des stagiaires gratuits. De plus, l’absence de négociation sur les droits d’auteur des journalistes a ouvert la voie à des procédures judiciaires. La presse écrite traditionnelle, par ailleurs échaudée par son expérience dans le champ des radios locales dans la décennie précédente, s’est donc quelque peu méfiée. Cela n’a pas empêché les poids lourds de l’édition et de la presse magazine (Vivendi, Hachette...), chantres de la dérégulation sociale, de foncer au mépris de tous les usages de la presse.

En effet, les organisations syndicales de journalistes, au prem