L’enjeu de la sécurité dépasse le périmètre de l’entreprise industrielle. Comment l’envisagez-vous ?

 

François Daniellou. L’Icsi est une association 1901 née après l’accident d’AZF[1] qui, en plus du drame humain, a fortement impacté l’environnement et l’activité économique d’un territoire. La complexité technique du sujet, les enjeux de sécurité, les impératifs de développement des territoires, induisent une nécessaire appropriation de la sécurité industrielle par toutes les parties prenantes. La singularité, c’est l’initiative conjointe d’industriels, de syndicalistes, d’universitaires, de chercheurs et de collectivités territoriales qui œuvrent collectivement à ce que j’appelle le développement d’une véritable culture de sécurité. Le cœur du fonctionnement de l’Icsi est des groupes d’échanges, pour identifier les problèmes et partager des bonnes pratiques. Ces groupes débouchent sur des publications librement téléchargeables, des programmes de formation à la prévention des risques les plus graves, un accompagnement de nos membres, et de la recherche académique portée par la Fondation pour une culture de sécurité industrielle. Le risque serait de ne travailler qu’avec les industriels ; nous menons par exemple une réflexion sur le dialogue social et la sécurité – c’est un groupe de travail lancé à la demande de la CFDT – et cherchons à mobiliser les collectivités ou les associations, ce qui est plus difficile. L’enjeu est de partager une vision des risques les plus importants entre tous les acteurs concernés : accidents majeurs susceptibles d’entraîner un grand nombre de victimes, accidents du travail graves ou mortels, accidents pouvant entraîner une forte dégradation pour les installations industrielles, voire l’environnement. Nous essayons de permettre le développement d’une culture de sécurité commune, pour maîtriser ces risques, car les plus importants sont