L’idée de venir vivre au Québec a germé dans mon esprit il y a dix ans, soit environ huit ans avant que ce projet ne se réalise vraiment ! Fin 1988, des émeutes éclataient dans toutes les grandes villes d’Algérie, qui poussèrent très rapidement le parti unique au pouvoir depuis près de 30 ans - le FLN - à légaliser le multipartisme. C’est ce que, paradoxalement, j’appelle le « début de la fin ». A l’époque, j’étais en deuxième année d’informatique à l’Université d’Annaba, et de plus en plus souvent mes discussions avec mes camarades tournaient autour de l’émigration. L’évocation de « paradis » pour immigrants comme l’Australie et le Canada nous laissait songeurs et nous faisait oublier, pour quelques instants, le mal de vivre profond qui s’installait progressivement en Algérie. Pour moi le Canada et le Québec avaient toujours rimé avec grands espaces, forêts, lacs, l’Amérique en français et – sans peur de faire cliché - la liberté1. En d’autres mots un rêve inaccessible. Je me résignais progressivement au train-train quotidien2, jusqu’au jour où je découvris par un heureux hasard3, des brochures d’information d’une école d’ingénieurs en France. C’était la première fois que j’entendais parler de l’INSA (Institut National des Sciences Appliquées de Lyon), une des rares écoles à avoir un concours d’entrée (et une entrevue) prévu spécialement pour les étudiants étrangers. Mais ce qui attira plus particulièrement mon attention, c’était la possibilité offerte à quelques étudiants par promotion d’effectuer une année de leur cursus à l’étranger, et entre autres… au Québec. Pour couronner le tout, ces échanges inter-universitaires étaient pourvus d’une bourse non négligeable de la Région Rhône-Alpes (quelque chose me dit que les choses ont dû changer à