Quels sont les ressorts de l’engagement syndical aujourd’hui ?

Cécile Guillaume. L’un des principaux facteurs d’engagement est la présence syndicale ; une équipe déjà présente dans l’entreprise est un gage de recrutement et d’accueil des nouveaux adhérents. Pour autant, l’engagement syndical est particulier. Il demande beaucoup de compétences et une certaine professionnalisation, ce qui n’empêche pas un réel renouvellement, particulièrement à la CFDT qui a su mener cela avec un volontarisme, notamment en termes de féminisation, et ce à tous les paliers de l’organisation.

Mais pour cela, il faut s’appuyer sur un univers de travail dans lequel il y a du droit syndical, ce qui exclut une partie des salariés. Reste que s’engager, c’est aussi prendre des risques, endosser une étiquette ; ce sont les élus syndiqués qui sont les plus discriminés[1], même si certains syndicats comme la CFDT sont plus acceptés. Il reste donc un pan entier du monde du travail à représenter, même s’il y a des exemples de mobilisation dans des secteurs précaires. Les syndicats ont aussi comme atout de pouvoir négocier au niveau des branches ou être présents sur les territoires pour soutenir les salariés les moins organisés.

Frédéric Rey. Les récentes évolutions du travail (plateformisation, micro-entrepreneuriat, précarisation des contrats, réformes du dialogue social) fragilisent les ressorts de l’engagement syndical. Cependant, au cours de l’Histoire, la solidarité entre les travailleurs n’a pas attendu la stabilité du salariat pour exister. Le syndicalisme moderne est même apparu dans un contexte de forte instabilité, qu’il a contribué à réguler et à organiser. Aujourd’hui il doit à nouveau tenir les deux bouts, entre précarisation de l’emploi et consolidation du dialogue social. Comment défendre les travailleurs de plate-f