La mutualisation des fonctions supports constitue une tendance lourde des organisations. Y compris dans l’industrie : fonctions administratives (paie, comptabilité, achats), fonctions d’expertise (juridique, SI, sécurité), et même fonctions liées à des processus opérationnels (procédé, excellence opérationnelle, maintenance, …). Conçues pour réduire les coûts, « professionnaliser » les équipes en support ou renforcer le pilotage central, elles aboutissent parfois aux résultats inverses !Rares sont celles qui échappent à la critique des opérationnels, mais aussi de leurs propres contributeurs. Quels sont ces écueils ? A quelles conditions une mutualisation peut-elle faire sens pour tous ?Comment mener une telle transformation pour qu’elle réussisse ? A chaque fois qu’il a lieu, le mouvement de mutualisation entraîne un quadruple déplacement, ce qui rend la transformation plus profonde qu’il n’y paraît : un déplacement du pilotage de la fonction : d’un niveau local, il passe à un niveau plus central (en tout cas extérieur à l’établissement) ;un déplacement de la localisation de l’exécution du service à rendre : d’un service de proximité, la prestation devient un service éloigné ; un déplacement de la nature de la prestation : d’un service adapté aux spécificités locales, la prestation s’intègre dans un standard ; un déplacement de la nature du prestataire :d’une exécution par du personnel interne à l’établissement, les prestations deviennent externalisées, avec souvent des interfaces multiples. A titre d’exemple, dans ce groupe chimique qui a mutualisé ses fonctions supports à marche forcée, nous écoutons un panel d’acteurs terrain. Nous constatons que les acteurs des fonctions mutualisées ne sont pas les seuls à souffrir : les utilisateurs aussi expriment leur désarroi. Ils ont perdu des leviers d’action, certaines spécificités locales ne sont plus traitées, la charge de travail des opérationnels s’accroît et le pilotage des fonctions répond à une logique peu comp