Le sentiment d’abandon et d’incompréhension qui s’exprime dans la crise sociale actuelle traduit une demande que personne ne contesterait qu’elle ne concerne pas le monde du travail1. Pour les remarques qui suivent, je m’appuie sur mon expérience professionnelle et les nombreux diagnostics menés sur le terrain ces dernières années. Bien entendu je ne prétends pas ici décrire une réalité multiple, complexe (au sein d’une même entreprise les modalités de management et d’organisation peuvent être très différentes d’un secteur à l’autre), et sur ce sujet comme beaucoup d’autres sur le champ social, les généralisations sont abusives. Ce qui n’empêche pas bien sûr de faire ressortir des tendances.

Qualité de la vie au travail ou qualité du travail ?

Depuis l’Accord national interprofessionnel (Ani) du 26 mars 2010 sur le harcèlement et la violence au travail venant compléter l’Ani sur le stress (2 juillet 2008), le moment important que fut le « rapport Lachmann, Larose et Pénicaud » (2010) qui a renouvelé la vision de ces sujets en parlant de « bien-être et d’efficacité au travail » jusqu’à l’Ani sur la qualité de vie au travail du 19 juin 2013 et le plan Santé au Travail 2015-2019, les problématiques de la qualité de vie au travail (QVT) (et de la prévention des risques psychosociaux, RPS) se sont imposées à la fois comme objets de négociations et d’action. Les réponses les plus courantes aux difficultés vécues dans le travail que l’on peut analyser à travers les accords sur la QVT privilégient les dimensions liées à la qualité de vie au travail et rarement la qualité du travail.

Il ne s‘agit pas de minimiser les efforts réels réalisés par certaines entreprises, que ce soit en matière d’écoute des salariés (les enquêtes ou «