Comment définir l’Europe ? D’abord par les cafés, ces « lieux de rendez-vous et de complot, de débat intellectuel et de commérage Â» qui accueillaient Stendhal à Milan, Casanova à Venise, Freud ou Musil à Vienne, jusqu’à Jaurès, assassiné dans un café. « Aussi longtemps qu’il y aura des cafés, la notion d’Europe aura du contenu Â». Mais il y a aussi la cartographie, qui fait que l’Europe est accessible à pied. Des péripatéticiens grecs aux promenades de Rousseau et des errances de Kierkegaard aux longues marches guerrières, « les composantes intégrales de la pensée et de la sensibilité européennes sont fondamentalement pédestres Â». Vient ensuite la profonde imprégnation culturelle des rues et des places aux noms d’hommes d’Etat, de militaires, de poètes, d’artistes, de compositeurs, de savants et de philosophes.

L’Europe se définit aussi par le double héritage d’Athènes et de Jérusalem. « Etre européen, c’est tenter de concilier, moralement, intellectuellement et existentiellement les idéaux rivaux, les exigences, la praxis de la cité de Socrate et de celle d’Isaïe Â».

Enfin, ce qui fonde l’Europe et, paradoxalement, la fait vivre, c’est ce pressentiment de fin du monde où l’Europe devint la « maison de la mort Â», le théâtre d’une bestialité sans précédent, à Auschwitz, au goulag et plus récemment dans les Balkans.

Dans cette Europe où Buchenwald est situé à quelques kilomètres du jardin de Goethe, la chance existe pourtant de bâtir un nouvel idéal, si elle arrive à se purger de son propre héritage ténébreux. L'éducation, la culture philosophique, littéraire, musicale, n'ont pas empêché l'horreur des camps de concentration. Pourtant, « c’est en Europe seulement que le sentiment de la tragique vulnérabilité de la condition humaine pourraient offrir une base Â».

Achevé d’imprimer en avril 2005 sur les presses de l’imprimerie L’Artésienne à Liévin (62). La directrice de la publication, Anousheh Karvar

Dictionnaire social 2005. Revue fiduciaire. 1234 pages, 39 euros.

La retraite du salarié. Revue fiduciaire, 2005. 391 pages, 28 euros.

Serge Alécian & Dominique Foucher. Le management dans le service public. Editions d’organisation, 2005. 448 pages, 42 euros.

Mémo social 2005. Liaisons, 2005. 46 euros.