Y a-t-il une différence entre cadres du privé et du public ?

Patrick Conjard. Oui, dans la mesure où les spécificités liées aux missions, aux statuts des personnels, aux modalités de gestion des ressources humaines et à la culture managériale dans la fonction publique déterminent fortement l’activité et le cadre d’action du manageur public. Les attentes vis-à-vis de l’encadrement pour accompagner les réformes dans la fonction publique et initier, à leurs niveaux, de nouvelles formes de management, souvent en rupture avec la culture dominante sont fortes. Il ne faut pas oublier que le terme même de « manager » est issu du privé et bouscule le public. Il est, par exemple, plus difficile d’identifier les populations concernées au regard de leur mode d’organisation et de statut. Toutes les catégories A ne sont pas des managers et il y a des B qui encadrent des fonctions.

Pour autant, lorsque l’on compare l’activité d’un cadre du privé à celle d’un cadre du public, les différences ne sont pas si grandes que cela, même si les tensions et paradoxes propres à la fonction d’encadrement intermédiaires y sont souvent exacerbés du fait de l’ampleur des transformations et des spécificités de la sphère publique. On retrouve dans les deux cas de figure une activité complexe, diversifiée, une forte mobilisation sur la conduite de projet avec des enjeux de régulation et de soutien au niveau des équipes et in fine, des conditions de travail difficiles.

Philippe Douillet. Il faut bien aussi prendre en compte la diversité des contextes et de culture managériale, très différents d’un champ public à un autre ; le ministère de la Justice, l’Education nationale, l’Intérieur, l’hôpital public… : imaginez la diversité des représentations collectives de l’organisation hiérarchique, des formes de management. Il y a aussi de nombreux lieux où l