Préfacé par Edgar Pisani et Bertrand Hervieu, cet essai réunit une vingtaine de personnalités européennes, issus d'une quinzaine de nations différentes, convaincus qu'ils sont par la nécessité de redéfinir une autre politique agricole pour l'Europe. Y sont abordés les rapports qu'entretient l'agriculture européenne avec la nature bien sûr, mais aussi avec le territoire et la société.

La logique productiviste, qui a présidé à la mise en œuvre de la politique agricole commune voici trente ans, doit être remise en cause. Spécialisation des territoires mais concentration extrême de certaines activités agricoles, industrialisation de l'élevage mais délocalisation incontrôlée des productions, démultiplication de la productivité mais rupture des équilibres écologiques, prouesses techniques mais appauvrissement des patrimoines génétiques : ce sont les maux dont souffre l'agriculture européenne. Pour le Groupe de Bruges, le diagnostic est clair : « il s'agit des symptômes d'une démission de l'Etat devant le marché ».

Aujourd'hui, l'agriculture européenne doit s'adapter aux exigences du processus d'industrialisation des activités agricoles et de mondialisation de l'économie, dans un contexte européen destiné à s'élargir aux pays d'Europe de l'Est. Comment concevoir une philosophie de la production agricole respectueuse de l'environnement, en phase avec les attentes de la société européenne et répondant aux défis lancés par la mondialisation de l'économie ? Selon l'ouvrage, les politiques de réforme devront s'élaborer autour de trois enjeux majeurs : l'emploi, l'aménagement des territoires et la sécurité alimentaire mondiale. Parmi les principes refondateurs d'une nouvelle politique agricole communautaire mis en avant par le Groupe de Bruges, figurent la construction de solidarités nationales, l'élaboration de nouveaux mécanismes régulateurs pour gouverner le marché, la relégitimation de l'intervention de l'Etat et l'élargissement de la coopération internationale aux enjeux de société. Pour les auteurs de cet essai, « seule une agriculture diversifiée et innovante peut répondre à ces défis ».