Jean-Claude Gillet, notamment responsable pédagogique de l’Institut Supérieur d’Ingénieurs-Animateurs territoriaux, nous présente à partir de son expérience professionnelle, un véritable outil qui intéressera, au-delà des « professionnels de l’animation » , tous ceux qui, de l’entreprise au syndicalisme, des mouvements sociaux aux collectivités locales et à l’Etat, sont impliqués dans le changement social.

L’outil proposé ou plus exactement progressivement bâti au fil des pages constitue un cadre conceptuel qui témoigne d’une approche diversifiée, s’appuyant d’une façon critique sur les travaux aussi variés que ceux de Moscovici, Enriquez, Crozier, Touraine, Althusser, Lefort, Morin, Godbout, Habermas, Bourdieu, Guattari ou Weber. Cette approche détermine un champ aux sciences de l’éducation comme recherche liant pratique pédagogique et philosophie éducative pour favoriser les croisements et les carrefours heuristiques.

La position professionnelle de « formateur-pédagogue » que choisit l’auteur donne lieu à l’exposition de quatorze monographies qu’il inscrit dans le cadre des relations entre les innovateurs pédagogiques et les politiques locales. Les études de cas ne sont pas pour autant des recettes. L’intérêt peut-être majeur de ce livre est au contraire de constamment articuler pratique professionnelle et contexte sociétal.

Les derniers chapitres sont à cet égard éclatants. Ils abordent les multiples et difficiles questions soulevées par la grande crise-mutation que nous vivons en cette fin de siècle : quelles sont les fractures majeures de notre société ? comment analyser ce qu’on nomme l’exclusion ? quel sens donner à « l’activité de travail » dans un monde traumatisé par le chômage ? quelles médiations collectives inventer quand se délite la société salariale ? que faire face à la crise urbaine ? comment redonn