Aforce de parler de retards pris par l'Afrique au Sud du Sahara en matière de développement, on oublie que les changements importants sont aussi en cours dans les campagnes africaines. Ceci conduit à se poser des questions sur l'avenir de ces agricultures. Arriveront-elles à nourrir les villes ? Quelle sera leur place sur le marché international ? Comment les paysans africains gèreront-ils les tensions entre leur vision de l'avenir et les changements induits par des forces extérieures ? Comment évolueront les rapports entre des paysans cherchant à préserver une certaine harmonie avec leur milieu et des agriculteurs entrepreneurs devant être toujours plus compétitifs ?

Il n'est pas possible, en quelques lignes, de répondre à toutes ces questions, mais il est juste proposé ci-après de présenter mes convictions sur trois aspects déterminants de leur avenir : le rôle des responsables agricoles dans la définition d'un projet de société, la promotion d'agricultures paysannes, la répartition des pouvoirs.

Pour des techniques au service d'un projet de société

Il est difficile de prévoir quels changements seront liés d'une part à l'émergence d'entrepreneurs capables de conduire des stratégies individuelles offensives, d'autre part à l'organisation du monde rural qui permette de promouvoir des stratégies collectives. Ceci dépendra pour une grande part de la façon dont les paysanneries africaines mettront en œuvre le rapport dialectique entre leur participation à l'évolution du système technicien qui possède sa propre logique et leur volonté de construire un monde plus harmonieux à travers un projet de société correspondant à leurs aspirations les plus profondes. Il est important de se rappeler que la technique n'est pas neutre et que c'est aux hommes de l'utiliser en fonction de leur vision de la