Ethique, investissement durable, investissement socialement responsable..., les termes se ressemblent plus ou moins dans les esprits en cette fin d'année 1999. On peut cependant constater, depuis quelques mois, une forte inflation de l'engouement général pour ces concepts et en particulier dans le monde de l'entreprise. Il n'est pas jusqu'à Philippe Jaffré qui, quelques semaines avant sa retraite anticipée, expliquait dans ELF Magazine comment « conjuguer éthique et entreprise ».

A quoi attribuer un tel essor alors que, jusqu'à présent, seuls quelques esprits éclairés s'étaient engagés dans l'analyse du comportement sociétal des entreprises ?

Sans aucun doute, les raisons sont multiples. On peut ainsi discerner plusieurs facteurs concordants qui font que 1999 marquera sans doute un tournant dans la mise en œuvre de critères sociétaux dans les normes managériales des entreprises : l'accélération de la mondialisation et des délocalisations de certaines activités consommatrices de main-d'œuvre, l'échéance du round du Millénium, les concentrations des grandes entreprises, le refus des organismes génétiquement modifiés par les consommateurs européens puis américains, l'accent mis sur la valeur actionnariale et autres ratios financiers par la plupart des grandes entreprises, les dispositions choquantes prises par certaines entreprises pour encore améliorer leurs performances financières (récemment Michelin mais on se rappelle d'ELF au début de l'année 1999 et de Renault en 1997 avec la fermeture de l'usine de Vilvoorde) une mission parlementaire française sur l'implication des entreprises pétrolières dans la politique des pays producteurs de pétrole, le divorce marqué entre les grandes entreprises et l'opinion européenne, l'offensive des fonds anglo-saxons sur le marché français et la percée de la notion de gouvernement d'entreprise, les limites d'un ce