Le rejet de la Constitution clôt un cycle politique ouvert à Rome en 1957 : celui des pères fondateurs. Cet échec n’est pas celui de l’idée européenne, mais d’une certaine manière de construire l’Europe, inspirée d’un despotisme éclairé et agissant en marge des voies démocratiques traditionnelles. Cette méthode s’est imposée comme une solution, quand le rejet de la Communauté européenne de défense a conduit les promoteurs du projet européen, dans les années 1950, à renoncer à l’intégration politique pour inventer une Europe technique et technocratique. Le poids de la Commission dans les institutions européennes, la place donnée aux « technocrates » (Yves Bertoncini se donne comme l’un d’entre eux) résulte d’une difficulté des Etats à entrer franchement dans le jeu démocratique d’une véritable souveraineté européenne, celle dont le lieu aurait été le Parlement.

Epuisé, mis en cause pour son déficit démocratique, l’équilibre politique demande à être redynamisé et déplacé au profit de logiques participatives plus fortes. C’est aussi, plus profondément, le sens de la construction européenne qui est aujourd’hui interrogé : car l’Europe des pères fondateurs a tout simplement rempli sa mission, et elle l’a fait brillamment, avec l’unification pacifique du continent. L’héritage des pères fondateurs est lumineux. Mais il n’augure pas de l’avenir : les non de la France et des Pays-Bas, pays à l’origine de la reconstruction européenne, viennent de le rappeler avec vigueur.

Répondre au défi du non impose d’entrer dans une nouvelle ère : c’est, pour Yves Bertoncini, le temps des « fils fondateurs » et d’un approfondissement décisif de la démocratisation de l’Europe.

À cette nouvelle génération, ce livre propose un programme d’action précis, un changement de méthode et de fonctionnement qui mette l’Union Européenne à la portée des citoyens