Au Québec, Hydro-Québec est une compagnie d’électricité verticalement intégrée, détenant jusqu’à très récemment un monopole sur la distribution et le transport. Son énergie est à 97 % hydraulique (un pour cent pour une petite centrale nucléaire et deux pour cent pour quelques centrales au mazout).

A côté, il y a quelques producteurs privés qui lui vendent leur production et des autoproducteurs industriels (qui consomment leur production) ainsi que neuf distributeurs municipaux et une coopérative, qui achètent l’essentiel de leur électricité à Hydro-Québec avant de la redistribuer. Cette situation provient de la nationalisation de l’électricité faite dans les années soixante, quand les entreprises électriques opérant sur le territoire du Québec ont été nationalisées et rétrocédées à Hydro-Québec.

La nationalisation québécoise

«Cela n’a pas été facile de faire la nationalisation au Québec. L’Ontario avait nationalisé bien avant, dès les années vingt, mais c’étaient des anglophones qui nationalisaient des anglophones. Au Québec, depuis la conquête anglaise, l’élite économique était anglophone et méprisante. L’électricité québécoise appartenait à des sociétés privées anglophones qui expliquaient que les francophones conduiraient l’électricité à une catastrophe économique» raconte Jean-Marc Pelletier, président du SPSI, le syndicat des chercheurs d’Hydro-Québec. « Hydro-Québec existe depuis 1944, c’était une société d’Etat, un producteur parmi bien d’autres, qui représentait environ quinze pour cent de la production électrique québécoise. L’un des mandats que lui avait donné l’Etat était l’électrification des régions rurales, qui avaient été laissées de côté par les entreprises privées anglophones. En 1962, René Lévesque, un des collaborateurs de Jean Lesage, a convaincu celui-ci de fair