L' innovation peut être définie comme une application productive nouvelle de la technologie par la firme et ne saurait donc être confondue avec d’autres notions, plus extérieures à l’entreprise, comme celle de changement technique. Cette application peut concerner plusieurs objets : le procédé de production, le produit fabriqué ou bien encore l’organisation de la firme. Elle peut prendre plusieurs formes : radicale (il y a apparition d’un procédé ou d’un produit totalement nouveau qui prend la place de l’existant) ou incrémentale (dans le cas d’une amélioration significative de l’existant).

Définir l’innovation est une chose, la mesurer en est une autre. Du fait du manque de données, les économistes sont souvent conduits à utiliser des variables approchées, qu’il s’agisse des dépenses que la firme consacre à son activité de R&D ou des statistiques relatives aux dépôts de brevets. Dans les deux cas, faute de mesurer directement le phénomène, on l’approche à travers un de ses moyens ou bien à travers un de ses résultats. Un des intérêts de la recherche présentée ici est que nous y utilisons une mesure directe de l’innovation, sous la forme d’une réponse de la firme à une question 1 posée dans le cadre d’une enquête spécifiquement consacrée à cet objet.

L’innovation dans un paysage industriel « classique » : les IAA (industries agro-alimentaires)

Les secteurs étudiés ici constituent un reflet assez fidèle de ce qu’est l’industrie française, assez éloigné de l’image construite à coups de projecteurs braqués sur des secteurs comme l’informatique ou les biotechnologies. L’innovation n’y est pourtant pas rare : près de 70 % des firmes agro-alimentaires déclarent avoir innové sur la période de cinq ans précédant l’enquête, ce qui est à peu près équivalent à la