La rédaction : Internet est-il source de changements dans les comportements syndicaux?

Michel Caron : Oui. Par exemple, quand un délégué syndical sort du bureau du patron avec l’annonce de licenciements ou d’externalisation, il met immédiatement un certain nombre d’informations sur le site du syndicat, qui deviennent ainsi instantanément disponibles pour tous, dans le monde entier. Internet apporte une accélération et une démocratisation du processus d’accès à l’information : militant, salarié, journaliste ont la même information en même temps. La rapidité de circulation de l’information est déterminante pour construire un rapport de forces.

Cela dit, avant Internet, il y avait eu un vrai changement, sur lequel on ne s’est pas assez interrogé : l’usage de la photocopieuse et du fax dans la diffusion de l’information brute par l’action syndicale.

L.r. : La régénération du syndicalisme passera-t-elle par Internet ?

M.C. : Internet n’est qu’un outil, sur lequel il ne faut pas fantasmer. Les promoteurs du site Ubi Free1 n’ont fait qu’utiliser Internet pour créer un rapport de forces vis-à-vis de la direction. Dans d’autres milieux, ils auraient organisé des réunions au café du coin. Je ne vois pas dans cette affaire l’apparition de pratiques nouvelles mais une continuité : il s’agit de créer un rapport de forces collectif autour de conditions de travail imposées.

Internet permet de gagner en rapidité d’information et en taille de diffusion, de créer des liens entre les gens. En rendant l’organisation plus efficace, il peut contribuer à nous permettre d’atteindre nos objectifs. Mais je ne crois pas qu’il y ait à travers Internet une auto-production de renouvellement du syndicalisme.

L.r. : La Confédération CFDT a