Dans la plupart des pays, les relations industrielles présentent à partir des années quatre-vingt dix deux points cruciaux : le chômage et la « professionnalité », c’est-à-dire la redéfinition, la production et la reproduction des compétences professionnelles. L’idée est largement répandue qu’un rapport direct existe entre ces deux points, et en particulier que le fait d’agir sur les systèmes de formation initiale et permanente peut efficacement réduire le taux de chômage. Mais une telle affirmation suppose que le chômage provient principalement d’un déséquilibre entre l’offre et la demande de compétences professionnelles. Il y a peut-être un optimisme excessif à avancer cette hypothèse, de même qu’il y a un excès d’optimisme dans l’idée en sens contraire que la réduction des horaires puisse libérer par elle-même une offre de travail. En réalité, la défense de l’emploi et les transformations du marché du travail sont intrinsèquement liées au repositionnement général de chaque système national dans le cadre européen et international. Sans ce repositionnement, le maintien des emplois ne pourrait se faire qu’au prix d’une détérioration des conditions de travail et des rémunérations, en raison de la baisse de la productivité de nombreux emplois (Brunetta, 1994) et du nombre croissant des « secteurs fragiles » du marché du travail (Bianchi, 1996). C’est ainsi en étant un facteur du « système pays », en transformant l’organisation et la productivité des emplois anciens et nouveaux, que l’ensemble « définition, production et reproduction des compétences professionnelles » devient stratégique et a aussi des effets sur l’emploi. Deux points ont un intérêt particulier : le contenu même des professionnalités et la façon dont s’exprime la nouvelle demande de professionnalités.

Professionnalité, pivot des organisati