Le 15 avril 1994, le cycle de négociations multilatérales du GATT, ouvert à Punta del Este, se concluait par la signature de l'accord de Marrakech et la création de l'Organisation mondiale du commerce. Michel Rainelli, chercheur au CNRS enseignant l'économie à l'Université de Nice, était bien placé en tant qu'auteur d'un précédent ouvrage sur le GATT pour introduire auprès d'un large public les perspectives ouvertes par ce changement institutionnel.

En effet, la signification d'un tel événement ne peut être pleinement appréciée sans faire référence à l'histoire du GATT, ce traité multilatéral couvrant à l'issue de près de cinquante années d'existence environ 90 % du commerce mondial des marchandises ! Si les vingt-cinq premières années du GATT ont permis d'obtenir un abaissement significatif des barrières douanières, des pans entiers de la production mondiale restèrent alors en grande partie écartés d'un tel mouvement. Ce fut le cas des produits agricoles ou textiles et des services. Les années quatre-vingt virent la résurgence d'un protectionnisme instauré principalement sous forme non tarifaire tandis que la compétition s'exacerbait entre la triade Etats-Unis-Japon-Union européenne des pays les plus industrialisés.

La synthèse présentée par Michel Rainelli s'ouvre sur un bref historique des politiques commerciales antérieures au GATT puis décrit les principes qui présidèrent à la mise en œuvre de cet accord multilatéral. L'exposé de théorie économique sur le protectionnisme permet d'analyser les pratiques commerciales des Etats durant cette période, notamment les affrontements observés lors des cycles de négociations menés au sein du GATT, en particulier celui de l'Uruguay Round portant sur les services. La dernière partie de l'ouvrage est consacrée à l'examen des nouveaux mécanismes institutionnels mis en œuvre dans le cadre de l'accord de Marrakech, notamment pour la résolution des différends commerciaux entre Etats membres. Voilà donc un exposé clair et pédagogique pour ceux, universitaires, étudiants ou citoyens qui voudraient comprendre les événements marquants du commerce international de ces prochaines années pour prendre la pleine mesure des enjeux de la libéralisation des services et de la « globalisation » en cours de l'économie-monde.