Jusqu'à maintenant on a toujours présenté les travailleurs des pays asiatiques comme des réserves de main-d'œuvre malléables à l'infini. Les récents conflits viennent de montrer le contraire.

Le 26 décembre à 6 heures du matin le président Kim Young-sam a convoqué le parlement et fait voter une série de mesures concernant la législation du travail, accordant aux chefs d'entreprise le droit de licenciements massifs, le recours répété au travail temporaire, le remplacement des grévistes, la malléabilité du temps de travail ; dans le même temps la création de nouveaux syndicats est interdite jusqu'à l'année 2010. Dans un discours qui se veut conciliant le président explique le 7 janvier que ces mesures sont justifiées par les objectifs de conformité à l'organisation de coopération et de développement économiques d'Asie dont la Corée du Sud est le nouveau partenaire.

L'originalité coréenne

Dans ce secteur la Corée était jusqu'à maintenant d'une grande originalité : les salaires y sont bons, bien que les journées soient longues, et le chômage très bas. En fait l'explication du président omet de citer la spéculation immobilière et le niveau élevé des taux d'intérêt qui ont une grande influence sur la compétitivité, mais qui sont plus difficiles à contrer.

L'explosion sociale qui paralyse ensuite le pays peut être comparée à celle qui s'est déroulée en France en décembre 1995 : dans les deux cas les mouvements ont bénéficié d'un soutien majoritaire de l'opinion malgré les perturbations. La plupart des analystes seraient d'accord pour penser que ces grèves ont été des mouvements par procuration, où les secteurs non impliqués directement ont signé ainsi leur adhésion à une position de principe. Ce principe quel est-il ?

Pour Will