Lieu de première installation pour beaucoup d’immigrants et lieu d’établissement à plus long terme pour d’autres, le quartier Côte-des-Neiges à Montréal est réputé dangereux et à risques. Certains journaux n’hésitent pas à l’appeler le « Bronx » de Montréal, disant aussi que c’est «probablement le secteur de Montréal au plus haut degré de criminalité » (magazine « Qui ? »). Or, en ce qui concerne la criminalité, ce quartier occupait en 1993 le 6e rang (sur 23) pour le nombre total de crimes commis sur le territoire montréalais, et de 1993 à 1994, les crimes avec violence ont baissé de 2,7 %, alors qu’il était observé une hausse de 13,2 % pour l’ensemble du territoire de la Communauté urbaine de Montréal. Le quartier n’est donc pas le « ghetto » dangereux qu’on veut bien croire. La présence de l’Université de Montréal, lieu de travail de la plupart des auteurs, a permis à ces derniers de développer un certain scepticisme face à cette image de Côte-des-Neiges. Ainsi, ils ont décidé de ne pas prendre pour acquis ces images d’Epinal, et sont allés étudier le quartier en profondeur. L’existence de groupes « ethniques » qui seraient le simple fait des origines nationales, ainsi que l’idée de la « société-hôte », envisagée séparément de l’une de ses composantes, soit les nouveaux arrivants, est ici remise en cause. Remarquant une absence notoire de reportages centrés sur l’économie, la politique du quartier ou encore sur les institutions éducatives et hospitalières, les auteurs se sont intéressés au vécu quotidien des habitants et à l’impact des institutions sur le cadre de vie de ces derniers. On voit grâce à ce livre que les rapports sociaux entre gens de diverses origines varient en fonction du type d’espace dans lequel ils se trouvent : les espaces institutionnels offrent des rapports plus formels et hiérarchisés