Mars 1997, je reviens à Brazzaville pour un court séjour dix ans après l’avoir quittée. Entre temps, il y a eu l’aggravation de la crise économique, la poussée démocratique, la Conférence nationale, les élections pluralistes, un an de guerre civile, un retour au calme... J’ai résidé pendant cinq ans en République populaire du Congo, je reviens en République du Congo, le drapeau n’est plus rouge mais multicolore comme au moment de l’indépendance.

Nous arrivons avec deux heures de retard - Air Afrique n’a pas changé sur ce point - à l’aéroport de Maya-Maya. Les bâtiments sont en rénovation, les formalités se font toujours dans une certaine bousculade et des agents de l’aéroport mandatés par les amis venus attendre les passagers s’occupent de piloter ceux-ci d’un guichet à l’autre. L’avion présidentiel atterrissant quelques minutes après celui d’Air Afrique, je constate que les habitudes ont la vie dure : la passage du parti unique à la démocratie n’empêche pas l’arrivée de l’avion présidentiel de bloquer d’abord la livraison des bagages de l’avion de ligne puis la circulation sur la route qui va de l’aéroport au centre ville. De nombreux cartons de matériel informatique descendent de l’avion de ligne puis repartent sans avoir passé la douane, ils sont destinés à la présidence.

Hier a été intronisé à Ngabé Makoko Pierre Mialami Wawa, le roi des Tékés. Il est âgé de plus de soixante-dix ans, mais il n’a pu devenir roi que depuis la démocratisation, son père ayant été déchu par le parti unique. Le président Lissouba a offert un véhicule tous terrains au roi, ce que réprouve Gaston, un journaliste téké, car un roi ne doit se déplacer qu’en tipoye (une sorte de chaise à porteurs). Toutes les traditions n’ont pas été scrupuleusement respectées, s’indigne Gaston qui craint que cela n’ait des effets malheureux sur le niveau des prochaines récoltes dans le