C’est en partant d’une expérience que l’auteure, responsable sectorielle (métallurgie) ancrée dans un terrain local (le Calvados) projette une réflexion, celle des conditions de l’action syndicale. Cécile Maire, ingénieure dans l’industrie des semi-conducteurs, a choisi des responsabilités syndicales au sein de la « vallée de la mort » à Condé-sur-Noireau, symbole du drame des travailleurs du textile puis de la marine et de l’automobile confrontés à l’amiante utilisée pour tisser, fabriquer des joints et des isolants. Elle puise dans la dureté du sujet, épaulé d’un travail universitaire à l’ISST, pour faire des propositions sur un sujet très actuel, tout en s’interrogeant sur la réforme des IRP dans les entreprises. Le répertoire de l’action syndicale est décrit selon son caractère individuel ou collectif, et selon sa temporalité. On écoute au quotidien, on mobilise et on revendique régulièrement. Interpréter, défendre, conquérir de nouveaux droits et appuis demande du temps long. L’auteure identifie également les risques associés à ces modalités d’intervention, pour en cerner l’efficacité. Porter une revendication publique, c’est s’éloigner du terrain professionnel, de la base. Défendre des positions fines, c’est verser parfois dans la judiciarisation qui ne tiendrait pas compte de toutes les demandes des salariés, etc. Un ouvrage militant qui sonne juste, prenant le contre-pied de la prescription descendante qui surgit souvent dans les organisations et limite l’action publique.