Lucie Aubrac prend la parole, sur son enfance, sa jeunesse, les années de militantisme, l’engagement de la Résistance, la Libération, les années d’expatriation, le retour en France. Au soir de sa vie, dans un récit dépouillé de toute tentation de style, la cofondatrice du mouvement Libération-Sud témoigne sur son destin de femme.

Après avoir écrit lIs partiront dans l’ivresse, pourquoi revenir sur ses pas ? Surfer sur le battage médiatique d’un film assez médiocre où les Aubrac figurent plus comme objet que sujet ? Ce serait méconnaître le tempérament de Lucie Aubrac. Témoigner encore et toujours pour faire pièce aux accusations calomnieuses d’un Klaus Barbie ? Probablement. N’affirmait-elle pas récemment « Je ne veux pas que la routine, la médiocrité, la méfiance banalisent et suspectent ce qui fut l’honneur de la Résistance ».* Rendre justice aux centaines de mères, épouses ou soeurs de résistants qui, comme elle, ont tenté de retrouver le fils, le compagnon ou le frère arrêté et d’en favoriser l’évasion ? Sûrement : « Moi, Lucie Aubrac, comme mes camarades pendant la Résistance, je prends la parole pour toutes ces héroïnes, ces héros, ces victimes afin que leur courage, leurs espoirs, leurs sacrifices soient l’héritage de la jeunesse de France ».*

L’histoire des femmes dans la Résistance présente bien des lacunes à combler. Beaucoup d’entre elles, dans les combats comme à la Libération, restèrent dans l’ombre, s’effacèrent volontairement ou non, mais leur rôle fut déterminant. L’honneur de Lucie Aubrac, c’est de le rappeler en contrepoint de ce récit autobiographique : « Je suis comptable de cet héritage et par tous les moyens, livres, film, télé, j’en ferai connaître la valeur et la gloire ».*

* : Des éloges au soupçons, Lucie Aubrac, Libération du 10/07/97.