Quand, en 2004, Thomas Amossé (DARES) indique que « les cadres sont plus syndiqués que les ouvriers »1, il n’opère pas de différence entre les organisations syndicales, les associations professionnelles et les associations d’anciens élèves d’écoles d’ingénieur ou de commerce. Ainsi qu’il l’écrit : les cadres adhèrent « trois fois plus souvent à un groupement syndical ou professionnel que les ouvriers ». Lorsqu’il s’agit de mesurer la syndicalisation des cadres, les études statistiques peinent à distinguer entre les adhésions à un « groupement syndical » et les adhésions à un « groupement professionnel ». Lequel, par ailleurs, est rarement défini (les associations d’anciens élèves sont-elles des « groupements professionnels » ?).

Implicitement, les statisticiens touchent à une spécificité du groupe-cadres : le syndicalisme n’est pas la seule ressource collective (en lien avec le travail et l’emploi) qui leur est offerte. Or, a priori, ni l’association professionnelle, qui les groupe selon le critère du type d’emploi qu’ils occupent – sans considération pour la branche d’activité dans laquelle ils travaillent –, ni l’association d’anciens, qui organise les possesseurs d’un diplôme particulier, ne sont tout à fait comparables à un « groupement syndical ». Ces deux espèces de groupement, en effet, ne sont pas d’intérêt public : y cotiser n’ouvre pas droit à une réduction d’impôt.

Quant aux associations d’ingénieurs diplômés, il s’avère que, d’après le Conseil National des Ingénieurs et Scientifiques de France (CNISF), elles connaissent un taux d’adhésion se situant au-delà de 20 %. Par conséquent, une question peut se poser : ces adhésions sont-elles autant d’adhésions sur lesquelles les syndicats ne peuvent plus compter ? L’on soutiendra