Si les modes d’accès au pouvoir ont évolué du fait d’une plus grande circulation des élites managériales et de leur globalisation, les structures politiques des organisations contemporaines restent marquées par leur centralisation et par la concentration du pouvoir dans des cercles restreints. Par ailleurs, la mobilité du capital modifie les problématiques traditionnelles de domination. La globalisation de l’économie oblige alors à repenser les questions conjointes du contrôle et de la légitimité, la question traditionnelle de la légitimation des élites par rapport aux corps sociaux dominés faisant progressivement place à une autre question : celle de l’auto légitimation des élites à leurs propres yeux.

Ces éléments en tête, nous proposons de repenser la question de l’organisation du pouvoir managérial à travers l’idée de « mouvement social ». Les élites managériales vivent actuellement un tournant social et générationnel qui leur impose de se redéfinir un référent commun, source indispensable de leur puissance.

On peut partir de l’effacement des problématiques tayloriennes du contrôle et de la domination et de leur remplacement par une problématique de glissement du contrôle via la globalisation. Ce mouvement permet l’émergence d’un management despotique, dans lequel les décisions, présentées comme obligatoires, s’appuient sur la menace et la précarité. Les limites des formes de résistance locale sont de plus en plus visibles ; si elles parviennent à rendre espoir, elles ne sont pas en mesure de faire chanceler l’ordre politique des organisations. Mais les élites restreintes sont pourtant vacillantes. Déjà, l’accroissement de la circulation des cadres dirigeants renvoie à une forme de précarisation qui peut fragiliser la cohérence interne de ce groupe. Surtout, l’hégémonie abstraite du modèle économique libéral prive ses élites d’un projet social crédible, opposable à d’