Les discriminations sur le marché du travail touchent-elles des catégories plus que d’autres ?

Elles sont multiformes et cumulatives, et ne se réduisent pas à la couleur de peau ou à la consonance du prénom. Le lieu de résidence provoque aussi des réactions négatives chez nombre de recruteurs. A côté des discriminations qui touchent nombre de jeunes des quartiers, celles dont sont victimes les personnes handicapées ou les seniors sont considérables, mais ces personnes intériorisent davantage leur « infériorité » et identifieront moins ce qu’elles vivent comme une discrimination. L’apparence physique compte elle aussi de plus en plus, notamment le surpoids.

Certains métiers sont-ils particulièrement sensibles ?

Oui, les emplois de commerciaux par exemple, une profession caractérisée par le contact avec les clients. Nous avons mené depuis 2004 une enquête de testing sur CV qui nous a permis de mesurer l’ampleur des discriminations dans cette profession. Un candidat handicapé obtient 15 fois moins de réponses positives que notre candidat de référence, bien que la nature de son handicap soit ignorée de l’employeur. Un candidat maghrébin reçoit quant à lui 5 fois moins de réponses positives, un candidat de 50 ans est lui aussi écarté avec près de 4 fois moins de réponses. Le lieu de résidence (un mauvais quartier) semble jouer aussi, mais d’une façon moins sensible. Cela représente encore 2 fois moins de réponses positives.

N’est-ce pas simplement que les recruteurs anticipent une possible réaction négative de leur clientèle ?

Sans aucun doute, et c’est sur ces discriminations « par anticipation » qu’il convient de travailler. En rappelant d’abord que d’un point de vue juridique l’argument n’est pas tenabl