La question se pose-t-elle en Europe de limiter des rémunérations des dirigeants de banques quand il y a soutien de l’État ou quasi-nationalisation ?

Pas dans les mêmes termes qu’aux États-Unis, mais évidemment la question est posée. Cela étant, outre-Atlantique la responsabilité des banques et des organismes financiers est immense, tout comme l’ampleur du soutien consenti par l’État fédéral, ce qui change évidemment la donne. En Europe, il y a davantage un sentiment d’indignation, mais quand on regarde les choses de près, les États ont moins recapitalisé leurs banques qu’ils ne leur ont apporté de garanties.

Sous la vaste question de la rémunération des dirigeants, il faudrait distinguer quatre problèmes différents : le niveau des rémunérations, les modes de rémunération, la sanction ou au contraire l’impunité d’un échec, et aussi, nous le verrons, la façon dont un mode de rémunération peut inciter à prendre des risques inconsidérés.

Le débat s’est récemment focalisé sur les rémunérations des dirigeants. Sont-ils les seuls concernés ?

Non : si les salaires très élevés des patrons ont scandalisé l’opinion, la pratique consistant à distribuer des stocks options à un nombre limité de cadres dans le groupe (de 4 à 5000) interpelle l’ensemble des salariés et leurs représentants syndicaux. Nous nous interrogeons à la fois sur la volonté des dirigeants de discriminer l’attribution sur des critères dont l’objectivité reste à prouver, et sur la légitimité que s’attribuent ces mêmes dirigeants sur le développement d’une forme de rémunération qui échappe à toute négociation collective. Les stocks options concernent des salariés couverts par une convention collective et des accords d’entreprise négociés entre partenaires sociaux. Il ne fait aucun doute que le développement d’une forme complémentaire de