Selon vous, qu’apprend-on aux managers lors de la formation initiale ?

On leur apporte des connaissances, des savoirs faire, des savoirs-être qui sont ceux des dirigeants. Pour le dire autrement, on leur apprend à occuper la place d’un dirigeant, qu’elle soit technique, culturelle, identitaire ou relationnelle. Cette formation est utile, mais pour devenir un bon manager, un manager innovant, il faut aussi être capable de prendre de la distance par rapport à cette formation initiale. C’est le message de mon dernier ouvrage La force de la différence. Ce livre permet de dire aux managers : « prenez de la distance par rapport aux normes et aux valeurs pour tenir compte de votre différence, de la spécificité de ce que vous êtes en tant que personne, en tant que professionnel, par rapport à ceux qui ont des parcours plus linéaires. »

Les témoignages de ces patrons atypiques nous apprennent qu’il faut cultiver sa différence, même et peut-être encore plus si on a suivi une formation classique de manager. Il faut se déplacer, accepter de vivre des expériences professionnelles et avoir du recul. Coller les normes managériales n’est pas forcément une bonne chose. Au contraire, une attitude distanciée rendra l’entreprise plus forte. Un bon manager sait valoriser ses différences et c’est cette valorisation des différences qui est bonne pour l’entreprise. La prise de distance avec les conventions relationnelles, techniques et managériales crée une conception du management moins dogmatique. C’est un message simple de confiance et de liberté.

Cette prise de distance par rapport à des normes enseignées permet d’analyser ce qu’on a appris en fonction de ce qu’on est. Cette attitude est bénéfique à plusieurs égards : elle donne les moyens d’éviter les écueils du mal-être au travail. On demande en effet aux salariés en général et aux managers de proxim