Selon vous, les hommes seraient-ils prêts à prendre un congé de paternité beaucoup plus long ?

Ce qu’il y a de sûr, c’est que les hommes peuvent aujourd’hui entendre un discours sur la question du congé de paternité, alors que ce n’était absolument pas le cas il y a 20 ans.

Cette idée ne leur semblerait pas complètement saugrenue, et ils ne se sentiraient pas remis en cause au plus profond de leur identité masculine.

Année après année, la marche vers l’égalité progresse, et c’est une tendance incontestable. Tout le monde le ressent, et comme psychanalyste, je le constate aussi.

Les changements qui bouleversent l’identité masculine, le couple et la famille s’articulent autour d’une même logique : celle d’une individualisation en marche, où le sujet s’émancipe des carcans de la morale traditionnelle et des contraintes ancestrales.

Le couple et la famille sont passés d’un fonctionnement hostile, dominé par les hommes, à un groupement d’individus libres et égaux soumis à leur propre désir.

Et de nos jours, hommes et femmes se retrouvent sur un pied d’égalité pour affronter un triple défi : concilier l’amour de soi et l’amour de l’autre ; négocier les aspirations à l’autonomie et à la liberté et les désirs de symbiose ; adapter leur dualité à celle de leur partenaire en ajustant en permanence leurs évolutions réciproques. Et je crois vraiment que s’il est un défi que les hommes comme les femmes doivent relever ensemble, c’est de prouver à leurs enfants, filles et garçons, que l’investissement massif de la sphère privée n’est pas synonyme de repli individualiste ou de renoncement aux affaires du monde. C’est de leur transmettre le goût de construire la société à laquelle ils participent, bref, de leur apprendre à aimer davantage le monde à venir que celui de leur passé.