La question de la formation ne se pose pas de la même manière selon qu’on estime que l’activité d’encadrement est soluble ou non dans le management, et selon la conception qu’on se fait des liens entre formation et/ou apprentissage par l’expérience. Mais le problème de fond est de savoir ce qu’on entend par encadrer et par manager, qui ne sont pas des synonymes. Encadrer, manager, s’agit-il bien des métiers comme les autres ?

Le syndicalisme des cadres est concerné par cette problématique à plusieurs titres : demande de reconnaissance de l’expérience syndicale dans les VAE, promotion de formations à l’encadrement qui respectent une certaine éthique, formation de ses propres militants enfin car l’activité d’encadrement des syndiqués est une dimension importante du syndicalisme. Avec pour enjeu crucial la manière dont les formations peuvent contribuer à promouvoir certaines « valeurs » dans l’activité d’encadrement.

On soutiendra ici un point de vue paradoxal, suite aux résultats d’une enquête intensive auprès d’une vingtaine de cadres et de cadres dirigeants de secteurs très variés, dont plusieurs cadres syndiqués1 : à partir du moment où on ne prend pas en compte seulement les contenus de formation, mais aussi le dispositif et la forme de discipline dans lesquels les étudiants sont formés, à partir du moment aussi où on prend en compte l’éducation familiale, on réalise que tous les cadres sont formés à l’activité d’encadrement. Celle-ci est dans ses fondamentaux assez peu « outillée ». A condition aussi de voir qu’on peut y être préparé en positif (attraction) comme en négatif (rejet), et à partir de valeurs, de normes et d’idéaux divergents. En revanche, on n’est pas forcément préparé pour manager, car le management suppose un outillage qui s’apprend sur les bancs de l’école.