Depuis les années soixante, les technologies de l'information et de la communication ont exercé sur les élites du Sud une coûteuse fascination. La marche forcée vers l'investissement en infrastructures de télécommunications parfois surdimensionnées devait conduire au rattrapage technologique. Mais cette course aux investissements s'est brisée sur les écueils de l'appropriation technologique. L'investissement réalisé a surtout servi à alourdir la dette des pays « bénéficiaires » et accessoirement à imposer un modèle culturel aliénant car inadapté mais propice à la consommation de biens importés !

Quel autre bilan tirer en effet des expérimentations réalisées parfois à l'échelle d'un pays entier, de télévision éducative ? Que sont désormais devenus ces « centres nationaux de traitement de l'information » des années soixante-dix censés centraliser la gestion de pays dont ils ignoraient parfois superbement la réalité ? Et qu'est-il advenu des spéculations du défunt Centre mondial de l'informatique lorsqu'il a fallu les confronter aux dures réalités du continent africain ?

Les programmes d'ajustement structurel ont eu raison de ces « éléphants blancs » de la coopération bilatérale ou multilatérale. Depuis, les perspectives économiques ouvertes par la libéralisation du marché des services ont aiguisé l'appétit des principaux opérateurs des télécommunications de la zone OCDE. Publié en janvier 1985, le rapport Maitland intitulé « Le chaînon manquant » 2 affirmait opportunément qu'une bonne infrastructure de télécommunications était un des facteurs essentiels au développement économique 3. Selon l'UIT, dans les dix dernières années, la densité téléphonique est passée de 0,19 lignes à 0,29 lignes pour 100 habitants au sein de quarante