Suppression de la taxe d’habitation pour les communes, généralisation des 80 km/h sur les routes départementales, fronde des élus locaux, mobilisation inédite des gilets jaunes depuis novembre 2018… La seconde année du quinquennat d’Emmanuel Macron aura été marquée par un nombre inédit de tensions entre l’exécutif gouvernemental et les territoires. Le macronisme serait-il le nouveau visage d’un jacobinisme newlook, jeune et libéral, mais farouchement centripète ? Deux éléments de réponse peuvent être apportés. Tout d’abord, si la recentralisation financière se poursuit effectivement sous le quinquennat d’Emmanuel Macron, elle s’inscrit dans une dynamique de longue durée à laquelle les gouvernements précédents, de gauche comme de droite, ont largement contribué. Ensuite, une tentation existe au plus haut sommet de l’État d’accompagner plus fortement les dynamiques de différenciation territoriale. L’heure ne serait donc plus au grand soir institutionnel mais à un cadre juridique assoupli permettant l’éclosion d’expérimentations ascendantes portées par des coalitions de réforme à l’échelle locale ou régionale.

La réalité jacobine : un gouvernement par les finances publiques

Depuis la crise de 2008, les gouvernements français sont régulièrement sommés par la Commission européenne de réduire un déficit budgétaire situé bien au-dessus des critères fixés par le pacte de stabilité de la zone euro. En contrepartie de délais accordés par la Commission pour réduire son déficit budgétaire, les gouvernements successifs ont dû mettre en place des politiques de contrôle budgétaire de plus en plus strictes, en particulier à partir de 2013-2014. Ceci a eu une double conséquence pour les finances des collectivités territoriales françaises. Tout d’abord, une diminution de la part de la fiscalité locale dans les recettes de ces collectivités, ce