Alerter quelqu’un, c’est l’avertir d’un danger, d’une situation critique pour que soient éventuellement prises des mesures de vigilance, d’aide ou d’intervention. L’urgence a partie liée avec l’alerte. La langue anglaise a une expression amusante pour la désigner : whistleblowing c’est-à-dire littéralement « souffler dans le sifflet » à l’image de l’arbitre d’un match sportif qui siffle les fautes.

Selon une définition « officielle », l’alerte professionnelle c’est la « révélation par le salarié d’une entreprise ou par toute personne en relation avec celle-ci d’irrégularités dont ils ont eu connaissance, et qui portent atteinte à leurs intérêts propres, à ceux de l’entreprise ou à ceux des tiers ». Cette définition laisse entrevoir que l’alerte professionnelle n’est pas un tout homogène. Il semble qu’une ligne de partage apparaisse entre les alertes professionnelles dont l’objet est d’assurer, au plan individuel ou collectif, le respect des droits et libertés des salariés – alertes offensives 1 - et celles qui sont mises en place pour assurer le respect par l’entreprise de ses obligations ou des valeurs qu’elle affiche – alertes défensives 2. Cette distinction, qui offre un cadre théorique de réflexion sur les dispositifs d’alerte professionnels doit être accompagnée d’enquêtes de terrain, de la parole des acteurs, que sont le management et les salariés par l’intermédiaire de leurs représentants que sont les syndicats, et de l’analyse de cette parole. On s’apercevra que cette parole est à la fois ambigüe et novatrice sur les alertes professionnelles 3.

Les alertes offensives

Fort de la liberté d’entreprendre et du droit de propriété, l’employeur peut estimer bénéf