Les salariés se disent autonomes, qu'ils ont la possibilité d’organiser leur travail, qu'ils ont peu de tâches imposées, et un travail qui leur permet d’apprendre des choses nouvelles. Autonomes, donc, mais sans pour autant pouvoir peser sur les stratégies qu’ils doivent mettre en œuvre, avec parfois des dilemmes ou des manques de moyens. Jusqu’où ont-ils la maîtrise des procédures ? Jusqu’où leur jugement sur la qualité de ce qui est produit est-il pris en compte ? De quelles marges de manœuvre ont-ils dans leur parcours ? Parce que le travail immatériel est difficile à valoriser, parce que la gestion de l’activité impose presque partout des résultats chiffrés, parce que l’épaisseur humaine et la créativité au travail pèsent encore trop peu, parce que le discours public réduit fréquemment le travail à sa temporalité (la disponibilité du salarié, donc) ou à son coût, il émerge aujourd’hui une demande sociale : celle d’un travail levier d’accomplissement personnel. Au-delà des tâches de tous les jours, se forger une identité professionnelle malgré la prescription du poste, la rationalité du jugement sur l’activité et la pression du marché de l’emploi. L’individu se construit par son rapport aux autres et à son environnement. L’autonomie est à la fois la reconnaissance de l’implication et les moyens donnés pour s’impliquer. Le travailleur ne doit donc pas être seul mais porté dans un collectif. L’autonomie n’est pas une indépendance accordée sans appuis ni autoproclamée, au risque d’en rester à la servitude ou à la solitude : elle s’éprouve et s’exerce dans la coopération.

 

5 articles sur l'autonomie professionnelle

 

Jacques Le Goff, La subjectivation du travail. Entre renouveau et désalarisation. Le travail est à nouveau envisagé comme expérience d’accomplissement de soi. Mais les formes d’emploi se diversifient et se singularisent. Comment articuler la subjectivation du travail, la cohésion sociale et les nouvelles formes d’activités ? Décembre 2016 - Revue n°471

 

Jean-Marie Bergère, L’autonomie contre l’individualisme. Pouvoir d’agir et capacité à coopérer. L’autonomie se construit. Une politique de l’individu pour développer les capacités de chacun en situation. Faire advenir la puissance d’agir des individus en construisant des collectifs, en luttant contre le narcissisme et la mise en concurrence généralisée. Décembre 2016 - Revue n°471

 

Danielle Kaisergruber, Donner des appuis pour être autonome. Les conditions de l’empowerment. Entre individualisation, personnalisation, assistanat ou même prescription, en quoi les appuis professionnels permettent-ils d’acquérir une capacité d’action, de s’émanciper ? Pour Danielle Kaisergruber, le déploiement des dispositifs ne garantit pas en soi la qualité de l’accompagnement. Décembre 2016 - Revue n°471

 

Anne-Florence Quintin. A propos du livre de Pascal Ughetto, Organiser l’autonomie au travail. travail collaboratif, entreprise libérée, mode agile… l’activité à l’ère de l’auto-organisation.

 

Jean-Paul Bouchet, Les conditions de l’autonomie professionnelle. Renforcer les appuis face aux nouvelles formes d’activité. S’affranchir du lien de subordination et des dérives de la prescription de l’emploi ne se décrète pas. L’émancipation professionnelle s’appuie sur les collectifs de travail. Quel que soit le statut, indépendant ou salarié, le travailleur a besoin d’être soutenu. Comment conquérir un peu de liberté professionnelle au-delà des marges de manœuvre au quotidien ? Décembre 2015 - Revue n°467