Quels sont les principaux défis pour le mouvement syndical européen aujourd’hui ?

Nous sommes confrontés à un mouvement de fond, notamment dans le monde des entreprises, qui conteste à la fois le coût excessif de l’Europe et le manque de flexibilité de l’Etat providence. A cette offensive idéologique s’ajoutent des défis structurels, de la démographie à une mondialisation qui met en difficulté les économies. La tentation est grande pour certains de faire des organisations syndicales les principales responsables de cette crise d’adaptation, car nous défendons certains aspects essentiels du modèle européen traditionnel qui sont percutés de plein fouet aujourd’hui, comme les services publics et la couverture collective des risques.

Le défi, dès lors, n’est pas tant de résister à tout crin que d’offrir une réponse solide aux questions posées, d’apporter en somme notre pierre à l’édifice commun. Ce qui suppose dans un premier temps d’évaluer ces questions : n’est-ce qu’une excuse, ou contiennent-elles une part de vérité ?

Or, si la rigidité quelquefois excessive de nos modèles sociaux peut en effet être interrogée, en particulier lorsqu’elle a des effets socialement contre-productifs, il me semble que l’essentiel n’est pas là. Ce dont souffre aujourd’hui l’Europe, et notamment l’Europe continentale, c’est de la réticence des autorités à encourager la demande. Les gouvernements nationaux et l’Europe politique sont à cet égard sur la même ligne, et puisqu’on parle de flexibilité j’aimerais poser celle des économies, et non pas seulement celle du marché du travail ou des organisations productives. La faiblesse de la consommation est probablement le cœur du problème. Elle renvoie à la fois à une crise de confiance et à une difficulté structurelle, tenant notamment au pacte de stabilité, à encourager les consommateurs à emprunter. Il me semble que les éc