La question de la privatisation des Postes s’est posée à la société italienne au début des années quatre-vingt-dix. Il faut préciser que les services publics italiens fonctionnaient très mal, car depuis des décennies, leur rôle n’était pas de rendre un service à la population mais de servir de réservoir électoral. Rappelons le contexte : l’Italie n’avait pas connu d’alternance politique depuis la deuxième guerre mondiale, chaque parti gardait son territoire, sans que le Parti communiste, le principal parti d’opposition, cherchât à prendre le pouvoir : c'était le « consociativisme ». La Démocratie chrétienne ne conservait son pouvoir que grâce à son clientélisme systématique. En particulier, la liaison Démocratie chrétienne/Fonction publique avait conduit à des recrutements clientélistes massifs depuis l'après guerre, ce qui présentait l’avantage de masquer le chômage et d’augmenter la consommation.

L’Italie n’avait guère de grandes entreprises privées mais des conglomérats publics, à côté de cela, le tissu économique des PME était très adaptable et l’économie fonctionnait. Les syndicats de la fonction publique avaient une forte audience. Un chercheur italien, Walter Sandagata, a montré dans un article sur le cycle électoral des dépenses publiques, que pendant des décennies le nombre des heures de grève dans l’administration présentait un pic juste avant les élections. La dette publique augmentait mais la balance commerciale était positive. Un certain équilibre régnait.

La rupture de l’ancien équilibre

Les années quatre-vingt furent celles de la réflexion, en particulier avec la rapport Giannini sur la Fonction publique qui concluait qu’il était impossible de continuer ainsi. Mais il faut attendre les années quatre-vingt-dix pour que cet équilibre soit réellement remis en cause, les révélatio