L’engagement des cadres dans leur travail est consubstantiel à l’exercice de leurs responsabilités. Loin de chercher à s’en exonérer, ils le revendiquent. Encore faut-il que les conditions qui leur sont faites le rendent possible. Pour une large part, le bonheur d’un investissement authentique dans son travail résulte de la possibilité d’en ajuster les règles et le rythme afin de s’y retrouver tout en répondant au mieux au mandat qui a été donné. Mais ce n’est pas tout. La continuité de cet investissement est constamment menacée. La lassitude et « l’aquoibonisme » guettent. Longtemps, le déroulement des carrières, les possibilités d’anticiper raisonnablement sur la suite de son parcours et sur les promotions à venir, ont garanti le renouvellement de l’engagement des cadres. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Faire carrière

Les cadres, plus que d’autres, se sentaient solidaires de la réussite des grandes entreprises qui les employaient. Les marchés internes de ces champions nationaux, bientôt champions multinationaux, offraient des opportunités de carrière dont il était d’autant plus légitime de profiter que tous en bénéficiaient. Certains progressaient plus vite que d’autres, mieux valait être né homme que femme, les rivalités gâchaient souvent l’ambiance, mais, in fine, une fois entré dans la pyramide, les mouvements étaient ascendants. L’idée d’un ascenseur social et de la montée d’une classe moyenne est autant liée à la possibilité de « passer cadre », de devenir « ingénieur maison » et d’une façon générale de bénéficier des promotions internes, qu’à la démocratisation de l’accès aux formations initiales. L’expression « faire carrière » résumait bien cette possibilité de prétendre régulièrement à un peu plus de responsabilités, de pouvoir, de prestige, de rémunération, et de les obtenir.