Un contexte favorable à la réflexion sur le temps de travail des cadres

Plusieurs éléments expliquent que, dans les années 90, toute une réflexion s’organise autour du décompte des heures et des journées de travail des cadres.

Tout d’abord, à cette période, le chômage commence à frapper les cadres, alors qu’ils étaient jusqu’alors épargnés par ce fléau. Deuxièmement, à la même période, les technologies de l’information et de la communication commencent à modifier les pratiques de travail des cadres. L’Union Confédérale des Cadres1 (UCC), avec Yves Lasfargue, travaille sur le sujet2. On voyait alors assez clairement comment les conditions de travail étaient en train d’évoluer, avec une plus grande porosité des temps professionnel et privé. Troisièmement, les cadres étaient confrontés à un problème récurrent. Ils étaient soumis, comme les autres salariés, à une réglementation du temps de travail : ils devaient faire 39 heures par semaine comme les autres. Mais dans les faits, ils faisaient beaucoup plus, ce qui mettait un grand nombre d’entreprises dans la plus grande illégalité (une étude que nous avions réalisée en 1998 montrait que les deux tiers des cadres faisaient plus de 39 heures par semaine). Quatrièmement, les entreprises avaient besoin de plus en plus de flexibilité dans l’organisation du travail, or tout était imposé par les directions, rien n’était négocié (la plupart des autres organisations syndicales refusant toute négociation directe avec l’employeur sur les conditions de travail des salariés).

Nous sommes allés voir précisément comment le travail s’organisait dans les entreprises où les cadres CFDT étaient bien implantés. Chez Thomson par exemple, nous avons pu constater que les cadres travaillaient plus de 39 heures par semaine et qu’il ét