Le processus de modernisation agricole au Brésil présente différentes phases dont les années frontières sont 1964, 1981 et 1994.

Mouvements sociaux et « modernisation conservatrice »

La modernisation de l’agriculture brésilienne a commencé dans les années cinquante, parallèlement à l’industrialisation du pays. Dans le même temps, il y avait d’importants mouvements sociaux à la campagne, mais pas de véritable syndicalisme rural, seulement des organisations régionales informelles. En 1961, le Gouvernement fédéral de Janos Quadros et João Goulart fait voter le statut du travailleur rural, qui est la première législation concernant les ouvriers agricoles et encadre les relations entre travail et capital à la campagne. L’année suivante voit une réglementation du syndicalisme rural, jusqu’alors ignoré. Ces années sont celles d’un intense processus de mobilisation sociale dont l’objectif est d’effectuer les réformes de base proposées par Goulart, et en particulier la réforme agraire. C’est contre ce processus qu’a lieu le coup d’Etat militaire de 1964.

Le Gouvernement militaire va alors mener parallèlement la modernisation de l’agriculture et la répression du mouvement rural. C’est ce qu’on va appeler « la modernisation conservatrice ». Le Crédit Rural distribue des crédits d’équipement facilement et à bon marché, une politique de subventions mais aussi d’assistance technique et de recherche pousse à l’achat de machines modernes. La modernisation ne profite pas à tous. De fait, ce sont les grands patrons ruraux des régions du Centre et du Sud, là où il existait déjà des infrastructures et un marché plus développé, qui profiteront des possibilités de modernisation, le Nord et le Nordeste étant oubliés.

Cette politique a des conséquences pratiquement irréversibles&