Les maladies chroniques concerneraient 15 millions de personnes en France, soit environ 20% de la population . Elles constituent une réalité, mais la situation des personnes concernées n’est que imparfaitement prise en compte par le droit du travail qui connaît surtout la notion de travailleur handicapé.

La maladie chronique, « compagne obligée de la vie »[2] ne s’arrête pas aux portes de l’entreprise. Dans la plus grande majorité des cas, la maladie va durer aussi longtemps « que durera la vie de la personne malade »[3]. Le travailleur malade, salarié, agent de la fonction publique, indépendant, dirigeant doit composer avec elle et essayer, tant bien que mal, de concilier travail et travail de soins. Près de la moitié des maladies chroniques se déclareraient chez des personnes en âge de travailler[4]. Elles ont des effets sur les trajectoires professionnelles, et les risques de désinsertion professionnelle sont réels. Ainsi, dans les hypothèses de cancer, on estime que « un quart à un tiers des personnes ne sont plus au travail dans les deux ans qui suivent leur diagnostic »[5]. Dans les cinq ans qui suivent le diagnostic de cancer[6], « 63,5% personnes souffrent de séquelles dues au cancer ou aux traitements », « 20% des personnes entre 18 et 54 ans ne travaillent plus » et « 24% des salariés parmi ceux en emploi au moment du diagnostic ont repris à temps partiel thérapeutique ». Les conséquences de ces maladies et de leurs traitements dépassent largement le domaine du soin, et donnent parfois naissance à des stratégies