Qu’est-ce qu’un « professionnel autonome » ?

Une expression qui semble moderne autant dans les termes qu’elle mobilise (professionnalité et autonomie) que dans cette curieuse association qui résonne comme une injonction bien caractéristique des discours sur la GRH. Elle associe deux notions qui doivent être comprises distinctement : celle de professionnalité et celle d’autonomie.

La professionnalité renvoie à l’idée de profession. Etymologiquement, le professionnel est celui qui déclare, de lui-même, exercer une activité : il professe son état. Ainsi, la sociologie définit une profession comme un collectif qui manifeste, tant par son organisation interne que dans son activité de travail, une forte autonomie. Parler de « professionnel autonome » relèverait alors de la tautologie. Et s’il s’agit de cadres, cela soulève un autre pro- blème, qui est celui du lien hiérarchique lié à sa position dans une organisation du travail et du lien de subordination inhérent à sa position de salarié. Un cadre peut-il être considéré comme un « professionnel autonome » ?

Le droit, en revanche, distingue les salariés et les indépendants à partir de l’existence d’un lien de subordination entre un employeur et un salarié. Celui-ci est compris dans le sens de l’exercice d’une autorité du premier sur le second dans une activité de travail. L’apparition de ce critère fut rendu nécessaire dès lors que le salarié a pu prétendre à des droits : des droits à l’indemnisation des accidents de travail puis à une protection sociale. Ainsi, le critère de subordination ne limite pas l’autonomie du salarié, il la délimite dans des temps et des espaces au sein desquels il peut alors prétendre à des droits inscrits dans le Code du travail et de la Sécurité sociale.Prétendre se débarrasser du lien de subordination signifie d’u