Sous l’énorme pression des multinationales, le projet de directive Vredeling sur la consultation des travailleurs dans les groupes d’entreprises aurait-il jamais abouti ? Sans les syndicats et leurs alliés politiques, il est probable que l’idée de créer des comités d’entreprise européens aurait été enterrée définitivement dès les années quatre-vingt, et avec elle toute perspective de voir les salariés des différentes filiales des grandes entreprises recevoir la moindre information sur l’avenir de leur emploi. Seront-ils licenciés demain, même si la société est performante [...] ?

Sans les syndicats et leurs alliés, où en serait la politique de santé et de sécurité sur les lieux du travail ? Protection contre les produits chimiques, contre les risques liés à l’amiante, contre les accidents professionnels et les maladies liées à l’environnement de travail… [...] La situation des entreprises occidentales ou sous-traitantes dans les pays d’Asie donne un aperçu de ce qui se fait en l’absence d’interlocuteurs syndicaux représentatifs, puissants et déterminés [...]. Pourquoi tant de grands employeurs, y compris européens, ne se préoccupent-ils pas spontanément, ou si peu, des conditions de travail de leurs sous-traitants ?

Par définition, sans syndicats, le dialogue social européen n’existerait pas. En son absence, la Commission, le Parlement et les gouvernements des États membres seraient-ils parvenus à un accord politique pour, par exemple, généraliser l’octroi d’un congé parental de quatre mois à tous les salariés européens jeunes parents ? Seraient-ils parvenus à un accord politique pour empêcher la multiplication des emplois jetables ? Sans syndicats, comment les systèmes de sécurité sociale auraient-ils résisté à l’offensive de privatisation, lancée à partir des années quatre-vingt par l’industrie financière et relayée par une partie du monde politique [...]