Une spéculation boursière semblant se nourrir du chômage, plusieurs faillites bancaires où s’évaporent des milliards de francs, des crises financières internationales à répétition, il n’en fallait pas plus pour que se ravivent des préjugés anciens envers les activités financières.

Loin des discours enflammés stigmatisant la mondialisation de l’économie, l’instabilité du système monétaire international, le rythme effréné des innovations technologiques et la marche forcée vers la libéralisation financière, l’ouvrage de Dominique Perrut, consultant bancaire et professeur associé à l’Université Panthéon-Sorbonne, restitue au lecteur l’essentiel des faits éclairés par des comparaisons internationales pour comprendre et interpréter les changements majeurs intervenus dans le système monétaire et financier français.

La première partie du livre étudie les comportements d’épargne et d’investissement des agents économiques ainsi que les circuits du financement de l’économie. L’ouvrage expose clairement les divergences entre l’approche keynésienne et l’approche néo-classique, puis présente les trois grands circuits du financement expérimentés en France depuis la fin de la seconde guerre mondiale : l’Etat, les intermédiaires et le marché.

Les institutions financières sont l’objet de la seconde partie de l’ouvrage. On y découvre la diversité des réseaux bancaires français et, à travers ces réseaux, les principaux métiers de la banque en tant qu’institution financière. Le cas des marchés de capitaux, marchés monétaires ou bourses de valeur, est également examiné en détail. L’auteur clôt cette partie sur une présentation didactique du système de régulation et de contrôle mis en place sous l’égide de la Banque de France.

Dans la troisième et dernière partie, Dominique Perrut replace le système financier français dans son environnement international afin d’évaluer la place relative qu’il occupe dans la hiérarchie des devises, des marchés et des instituions financières. Le diagnostic sur les difficultés des banques françaises est sévère. La libéralisation partielle et trop rapide a contribué au maintien de certaines rigidités. Surcapacités bancaires et investissements technologiques ont conduit au maintien de coûts élevés, à l’érosion des marges bancaires et à la fuite en avant dans le crédit.

L’évaluation des mesures d’assainissement prises débouche sur une critique des « noyaux durs » mis en place par une technostructure fermée au contre-pouvoir de l’actionnariat et des salariés. Dans la perspective d’une éventuelle réforme bancaire, l’ouvrage souligne l’importance, au regard des objectifs de lutte pour l’emploi, de mesures visant à dynamiser le financement d’activités nouvelles en direction des petites et moyennes entreprises, principales pourvoyeuses de création d’emplois. La faiblesse du capital-risque en France ajoutée à l’inadéquation de nos structures régionales d’investissement autorise un doute sur la capacité de la France à trouver sa place dans la « nouvelle économie », celle de l’innovation.